HOMMAGE À GIANNI AMELIO

HOMMAGE À GIANNI AMELIO

Pour sa 7ème édition, le Festival consacrera un hommage à Gianni Amelio, un cinéaste d’une profonde humanité.

 

Depuis sa première œuvre cinématographique, Colpire al cuore  (Droit au cœur), primée à Venise en 1982, Gianni Amelio a poursuivi une carrière régulièrement ponctuée de récompenses. Il devient un habitué  de la Mostra de Venise avec le Prix spécial de la mise en scène pour Lamerica en 1994, le Lion d’Or pour Mon frère en 1998 ainsi qu’une sélection officielle pour Les clefs de la maison en 2004. C’est en 1990 qu’il accède à la reconnaissance internationale grâce à Portes ouvertes, nommé pour l’Oscar du Meilleur film étranger. Suit en 1992 Les enfants volés, un drame récompensé du Grand Prix du jury au Festival de Cannes. Sans oublier La tenerezza en 2017 qui reçoit quatre fois le Ruban d’Argent : meilleur acteur, meilleure photographie, meilleur film et meilleur réalisateur ! Il y a deux ans, nous vous avions présenté ce film ainsi que Le premier homme, adaptation de l’oeuvre posthume d’Albert Camus.

Cette année, en présence de Gianni Amelio, vous pourrez voir ou revoir quatre films : 

 

LAMERICA (1994),
un film de Gianni Amelio avec Enrico Lo Verso, Michele Placido, Carmelo Di Mazzarelli

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Albanie, 1991, juste après la chute du régime stalinien. Deux italiens débarquent pour y acheter une usine pour une somme dérisoire. Ainsi que l’exige la loi, ils doivent trouver un associé albanais qui sera un président-fantoche, et le découvrent dans une ancienne prison en la personne d’un vieillard malade, muet, apparemment docile. Mais au bout de quelques jours, celui-ci disparaît…
Commence alors un parcours à travers le pays, parmi une population qui cherche à fuir de l’autre côté de l’Adriatique.
Lamerica. Sans apostrophe. L’auteur y tient. Comme aurait pu l’écrire un de ces migrants à l’orthographe incertaine. Car au travers d’une peinture acerbe de l’Albanie, à peine sortie de l’enfermement totalitaire pour tomber dans un effroyable désordre de faim, de misère et de turpitudes, le film est comme un chant, tantôt cruellement réaliste, tantôt d’un poignant lyrisme, à la mémoire des peuples migrants en quête de l’eldorado.

MON FRÈRE (Così ridevano), 1998
un film de Gianni Amelio avec Enrico Lo Verso, Fabrizio Gifuni, Francesco Giuffrida

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En 1958, Giovanni, un Sicilien, arrive à Turin pour retrouver son jeune frère Pietro. Il a un projet ambitieux. Lui, l’analphabète, désire que son frère devienne instituteur. Il se sacrifie pour lui payer ses études, en acceptant les travaux les plus durs, les travaux que la ville du nord réserve aux immigrés du sud.
Pendant toutes ces années, la relation orageuse et passionnée entre les deux frères oscille entre l’amour et la haine. Elle évolue dans une Italie en pleine mutation, une Italie que Gianni Amelio raconte à travers une histoire de fraternité, dure et belle à la fois. Une histoire emblématique de la difficulté des immigrés à réaliser leur rêve d’un avenir meilleur.

LES CLEFS DE LA MAISON (Le chiavi di casa), 2004
un film de Gianni Amelio avec Kim Rossi Stuart, Charlotte Rampling, Andrea Rossi

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Gianni a fui à la naissance de son fils Paolo, lourdement handicapé. Celui-ci a 15 ans lorsque son père le rencontre pour la première fois. Ensemble ils vont partir à Berlin où Paolo doit se faire soigner, mais le véritable voyage est le voyage initiatique qu’effectue Gianni. Il va progressivement apprendre à accepter son fils sans avoir honte ou peur de lui. Le réalisateur réussit à montrer l’évolution du père et les difficultés qu’il rencontre sans jamais tomber dans le pathos. Il saisit avec subtilité tant le désarroi du père que la naïveté de l’enfant. Avec pudeur et délicatesse, en s’appuyant sur la force émotionnelle de ses acteurs, Gianni Amelio livre un film bouleversant.

L’INTREPIDO (2013)
un film de Gianni Amelio avec Antonio Albanese, Livia Rossi, Gabriele Rendina

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Antonio Pane est au chômage. En attendant de trouver un vrai travail, il enchaîne les petits boulots et endosse les costumes de serveur, concierge, maçon ou encore chauffeur… Toujours curieux de découvrir un nouveau métier, il semble prendre un véritable plaisir à ce zapping permanent. Il faut dire que l’homme a toujours le sourire aux lèvres et tente de communiquer son envie de vivre à son fils, joueur de saxophone, tout comme à une jeune femme croisée lors d’un concours de la fonction publique.
Gianni Amelio nous livre une fable sur le monde du travail, en mettant en scène ce personnage surprenant. Et la fable, forcément, exagère le trait, tout en dépeignant la dureté du milieu du travail. Ainsi Amelio illustre la férocité des patrons, pris à la gorge dès qu’on leur demande un salaire, les petites humiliations quotidiennes…
Et comment réaliser un film sur une situation de crise ? Comment parler du bonheur alors que tout va mal ? On voit bien que le regard d’Amelio est des plus pessimistes, mais on le sent surtout plein d’humanité.